Sommet de l'Elevage 2024

Bilan carbone dans l'agriculture : vers une diminution de l'empreinte

L'agriculture est un pilier essentiel de notre civilisation, nourrissant les populations et façonnant nos paysages. Pourtant, mal gérée, elle peut être une source majeure de dégradation environnementale. Son impact sur le bilan carbone ne peut être ignoré. Actuellement, elle est responsable de 1/5, voire 1/4 des émissions nationales de gaz à effet de serre (GES) en France. Face aux défis environnementaux actuels, comment l'agriculture peut-elle réduire son empreinte carbone ?

Les causes de bilan carbone de l’agriculture

L'agriculture contribue significativement aux émissions de gaz à effet de serre. La répartition des émissions provient de différentes sources : 
● L'élevage : 48% 
● Les cultures : 41% 
● Les machines agricoles : 11%
L'élevage, et plus précisément la fermentation entérique des ruminants et la gestion du fumier, est le principal contributeur. Les cultures, quant à elles, engendrent des émissions principalement dues à l'utilisation d'engrais azotés et à la décomposition anaérobie dans les sols cultivés. 
Certaines méthodes agricoles traditionnelles, comme le labour intensif ou l'utilisation excessive d'engrais, ont aussi un coût environnemental élevé. Ces techniques augmentent la libération de CO2 dans l'atmosphère. 
 Au-delà des émissions de GES, l'agriculture a d'autres impacts environnementaux. Ces émissions ont des répercussions directes sur l'environnement, influençant la qualité de l'eau, la qualité de l'air, la biodiversité et la structure des sols.

Mesure et suivi des émissions : le rôle du bilan carbone

En 2004, face à cette préoccupation grandissante, l'ADEME a développé l'outil "Bilan Carbone". Cet instrument permet de mesurer les émissions de GES d'une activité, ici l'agriculture. C'est un pas significatif vers une prise de conscience collective et la mise en place d'actions concrètes pour la réduction de l'empreinte carbone du secteur agricole.

Les solutions pour diminuer l’empreinte carbone de l’agriculture en France

Face à cette réalité, il est impératif d'opérer un changement radical d'ici à 2050. La vision du Sommet de l’Élevage est celle d'une agriculture respectueuse non seulement de l'environnement, mais aussi de chaque être vivant qu'il abrite. 
L'agroécologie , une approche centrée sur la résilience et la durabilité, s'impose progressivement comme le modèle agricole de demain. Elle ne se contente pas seulement de produire, elle veille à la protection de l'écosystème tout entier par le biais de plusieurs segments.

Les couverts végétaux : protéger et enrichir le sol

Les couverts végétaux, plantés entre deux cultures principales, protègent le sol de l'érosion et améliorent sa structure, tout en stockant du carbone. Depuis 1991, l'Europe a reconnu l'importance de protéger nos sols en recommandant l'utilisation de couvertures végétales. Les légumineuses, notamment, ont un rôle crucial. En fixant l'azote, elles enrichissent à la fois les sols et l'alimentation des herbivores.

L'agroforesterie : marier arbres et cultures

L'agroforesterie, qui combine la culture d'arbres et de plantes sur une même parcelle, est une méthode prometteuse. Elle permet de stocker le carbone tout en bénéficiant des produits agricoles.

La méthanisation : transformer le problème en solution

La méthanisation , qui convertit les déchets organiques en énergie, peut réduire les émissions de méthane tout en fournissant une source d'énergie renouvelable.

Gestion écoresponsable de l'eau

L'eau est une ressource précieuse. Une gestion écoresponsable signifie non seulement une utilisation optimisée de l'eau, mais aussi des pratiques agricoles qui ne polluent pas les nappes phréatiques.

L’agriculture biologique : une solution ?

L'agriculture biologique, qui exclut l'utilisation de produits chimiques, peut réduire l'empreinte carbone. Elle favorise également la biodiversité et la santé des sols.

Réduire le gaspillage alimentaire : un impact direct sur le bilan carbone

Près d'un tiers de la nourriture produite est gaspillée. Réduire ce gaspillage peut avoir un impact significatif sur le bilan carbone de l'agriculture.

 

Accompagnement et reconnaissance des efforts vers une agriculture bas-carbone

Pour encourager les démarches en faveur de la réduction des émissions de GES dans l'agriculture, le "Label bas-carbone" a été introduit en 2019. Ce label certifie les projets agricoles engagés dans cette voie, et offre une reconnaissance financière via les crédits carbone.
Par ailleurs, de nombreuses coopératives agricoles en France se sont engagées vers la neutralité carbone, non seulement pour leurs activités propres, mais aussi pour leurs fournisseurs. Elles soutiennent leurs membres dans la transition agro-écologique et valorisent les méthodes bas-carbone à travers des formations et des diagnostics carbone. 
En particulier, 22 coopératives visent à aider 920 agriculteurs avec le "Bon Diagnostic Carbone" dans le cadre du plan France Relance. Des structures spécialisées accompagnent maintenant des projets agricoles collectifs en agrégeant des crédits carbone et en assurant diverses fonctions, dont la gestion administrative, le soutien technique et la commercialisation des crédits carbone. Le "Bon Diagnostic Carbone", financé en grande partie par l'État, offre un audit sur-mesure pour les agriculteurs, identifiant des actions en faveur de l'environnement. Des initiatives comme la France Carbon Agri Association (FCAA) et la plateforme Soil Capital jouent également un rôle clé en soutenant les agriculteurs vers des méthodes bas-carbone. L'agriculture se trouve à la croisée des chemins. D'une part, elle est l'une des principales sources d'émissions de gaz à effet de serre. D'autre part, elle détient plusieurs clés pour lutter contre le changement climatique. En adoptant des méthodes durables, en soutenant la recherche et en sensibilisant la population, nous pouvons espérer réduire significativement le bilan carbone de ce secteur essentiel. Faisons de l'agriculture un modèle de durabilité.